ERIC DUBOIS, GUITARISTE, MAIS PAS SEULEMENT…JAZZ À VEDA VOUS CONNAISSEZ ?

 

… Il est atypique et le revendique….. Eric Dubois a le visage buriné…. la vie, comme la chanson, il la connait. Son parcours est hors des sentiers battus. Il argote et cela nous ravit.

eric duboisAvant de choisir nos cibles à interviewer, nous ne cherchons pas à nous documenter sur « nos victimes ». Nous faisons le choix de laisser l’interviewé nous mener sur les chemins de son histoire et à son rythme. Eric Dubois, à l’instar d’une partition, a une vie ornée de noires et de blanches, de croches et triples croches…. de syncopes et de silences.

Nous le rencontrons la première fois lors d’une « Jamsession » à la ferme d’En Haut à Villeneuve d’Ascq. Il a pour l’occasion « embauché » Bertrand Caby (voir notre article précédent) et son bassiste Thomas de Vittori. Nous répondons donc à l’offre pour la batterie. Ce sera l’occasion pour nous de découvrir Eric au manche. Nous détectons tout de suite chez lui du « hors sentier ». Ses chorus sont marqués d’une liberté. Il n’enchaîne pas les notes, il les vit.

Eric a 57 ans. C’est son frère qui va lui amener sa première guitare. Je me plais à lui demander la marque…. Dans un souffle, il me fait comprendre que c’était .. »une daube« . Il va être berçé par le « Folk Américain ». Il va cristalliser sur « Hendrix »…« mais aussi sur des trucs pourris ». Là encore, ce sera son frère qui lui amènera des disques…. il va en écouter des tonnes… son adolescence, marquée par une timidité maladive, le verra s’orienter vers le « Rock progressif »… mais aussi la musique classique ( et oui! et cela peut conduire au jazz). Cette enfance va se dérouler à Lens (62) et comme il le dit si bien … »Là bas, à part la picole….. »;  ses parents n’étaient pas musiciens et sa culture musicale, il se l’est faite tout seul. Les études n’ont pas été son fort…. Il a néanmoins la fibre artistique : Eric va voguer au gré de son tempérament et de sa recherche intérieure vers les beaux Arts, le graphisme, la littérature….. et oui, ne pas aimer les études ne veut pas dire être inculte. Eric en est la démonstration. Tout au long de cet entretien, nous allons être séduits par son sens de la réflexion sur la société. Sur le plan musical,  il fera ses armes au conservatoire de Lens (62), où il apprendra le solfège, puis par la suite en Fac de musicologie. Il fera parallèlement « des petits boulots » (décorateur- étalagiste), en alternant avec des périodes de chômage…. « la picole« .

En 1990, il crée sa première formation « Eric Dubois Sextet ». Il va alors révéler ce qui l’intéresse : la composition. Nous comprendrons vite, au cours de notre conversation, que nous avons à faire  à un vrai créatif. Pas réellement le genre à te faire des reprises (ou alors comme cela ….), il est dans l’introspection. Ses créations sont des voyages intérieurs. Eric évoque, (il se) raconte au travers des notes. Ses influences … difficile à dire.. de Gerry Mulligan à Béla Bartok, « l’Ecole de Vienne », musique sérielle (ou presque) sur 12 notes.

Eric va décrocher sa maîtrise en Musicologie, et lorsque nous abordons pudiquement sa vie privée… « La musique, c’était plus important que ma vie affective » (Était-ce un refuge ?? nous ne voudrons pas aborder plus loin ce sujet). Il nous indique quand même s’être marié une première fois  « rapidement et pour une question administrative « .

En 1990, il débute une carrière de prof à Comines (59), et en parallèle  intervient dans un atelier amateur  de jazz à Béthune ( actuellement dirigé par Christian Laisné), puis il  évoluera dans les sphères du jazz lillois. Eric  créera même  un second groupe sur Dunkerque, pour faire du « baloche » (son œil brille à l’évocation de cette période). Il se souvient avoir joué des 4 heures d’affilée au Kursaal de Dunkerque….. je ne tenais plus le médiator en main.. les doigts n’étaient qu’une souffrance. Ce sera aussi l’occasion de voyages,  l’Autriche, la Sicile. « Le mouvement le dérange » dit-il, c’est étrange car Eric  est toujours en perpétuelle recherche de nouvelles pistes musicales.

En 1999, le sextet disparaît mais il tente de remonter un trio, et monte une « asso » qui ne sera pas une réussite pour lui. Il sera à l’origine d’un projet innovant, basé sur la lumière projetée sur des photos, synchronisées avec du jazz. Il dit que c’était un projet délirant, impossible à monter maintenant…les photos faisaient 4 mètres de haut. En 2009, il montera un nouveau trio : Percu, Saxo, guitare, et se produira au jazz club de Dunkerque. Il jouera avec Eric Navet (percu), Daniel Beaussier (Saxophone).  Puis Eric va rentrer dans une forme de retraite et se mettre « entre parenthèses » jusqu’en 2013. Il dit que son style musical « fait fuir« .

Nous demandons à Eric de nous parler de Jazz à Ved’A.

L’aventure a commencé en 1997,  il y est adhérent alors qu’Yves CASTAY en est le fondateur. En 2005, lors du départ en retraite du fondateur, Eric prend la relève presque naturellement. Il va faire évoluer la structure contre vents et marées vers une forme de professionnalisation. Il fallait évoluer. Tout le monde ne l’a pas compris et certains sont partis. Il est fortement attaché à son association, car il n’y a rien sur Lille, dit-il. C’est incroyable que Lille n’ait pas de structure jazz. Jazz à Ved’A est attaché aux groupes locaux. C’est difficile de trouver des groupes de jeunes pour venir jouer, confie-t-il. Il faut préciser que Jazz a Ved’A est quand même un lieu de diffusion d’un jazz élaboré…. peut-être pas « grand public » ou comment dire « populaire ». Il y a 8 concerts par an et avec des premières parties. La planification se fait en Mars pour l’année à venir.

Notre ami détient une trentaine de compositions prêtes à être interprétées……

Il est déjà tard en ce vendredi, la nuit est tombée sur le vieux Lille. Nous filons tous les deux… Je vous laisse avec cet extrait du fameux trio….

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