En ce mois de mai 2018, nous avons décidé de profiter des ponts pour aller nous poser quelques jours à Annecy (74). Comme à l’accoutumée, Chtijazz.com est à l’affût des concerts de jazz qui sont dans le secteur où il se trouve……
Emma, pourtant « une vieille habituée » de cette ville, va découvrir qu’il y existe un jazz club. Il faut dire qu’il nous a fallu un peu de patience, et pratiquement faire une enquête pour découvrir où il se trouve. Un petit passage à l’office du tourisme va se révéler décevant sur ce point. Notre hôtesse charmante se révélera être dans l’incapacité de nous indiquer si des lieux de jazz existent sur Annecy …??? Nous nous sommes rabattus sur le web pour y découvrir la trace du « Jazz Club d’Annecy« . La chance fût avec nous avec la programmation de « Samba jazz » et du batteur brésilien Zaza Désidério…. Nous avons été plutôt prévoyants et sommes allés en repérage à l’adresse du jazz club….Après une bonne séance de marche à pieds, nous nous sommes retrouvés face au Novotel du centre d’Annecy…!!! Pas de jazz club…..??? Emma se risque à la réception qui nous indique que le Jazz club a déménagé depuis 2 ans et se trouve maintenant au « Savannah Club » dans l’hôtel « Novel » de l’autre côté de la ville. Bon là, il faut dire que tout finit par se confondre dans notre esprit …. Novotel, Novel…. !!!
C’est ainsi que nous avons découvert « le Savannah club », unique club de jazz Annécien, qui produit un concert le second mercredi de chaque mois! Il nous a donc fallu une bonne dose de chance pour être présents ce mercredi 9 mai.
Avant de vous parler de « Zaza » et du concert, revenons un instant sur l’hôtel qui accueille ce club. Il s’agit de l’hôtel Novel, 69 avenue de France à Annecy. Un arrêt de bus se trouve à 50 mètres, très pratique, car à Annecy, mieux vaut bannir la voiture. La circulation est infernale, les parkings pleins jours et nuits, mais Annecy est une ville à taille humaine, tout peut aisément se faire à pied ou en transport.
Chtijazz avait assuré le coup avec quelques coups de téléphone et d’échanges mail avec « Zaza » pour pouvoir l’interviewer : La chose a été conclue avec une grande facilité. Ce mercredi 9 mai, nous sommes donc arrivés volontairement bien à l’avance, et il est 18h30 lorsque nous arrivons dans le hall de l’hôtel. Les instruments de musique ornent le sol, nous en déduisons que les Zicos viennent tout juste d’arriver. Nous pénétrons par l’accueil de l’hôtel et remarquons immédiatement « Zaza » au bar avec ses complices et Jean-François Gojon, le président du jazz club. Le jazz Club d’Annecy est une association loi 1901, qui organise des concerts de jazz et de blues, depuis plus de 20 ans, bénévolement, notamment avec l’aide de la ville d’Annecy et du département de la Haute Savoie, dans le cosy caveau « Savannah Club ». Une programmation existe aussi « hors les murs » notamment lors du Festival de Clermont en Genevois et du Lac In Blue Festival.
(photo Chtijazz.com/J.F GOJON)
« Zaza » est un personnage , sourire ravageur, carrure d’athlète, il vous accueille comme si vous l’aviez quitté la veille et comme si vous étiez un vieux pote…. Le courant passe immédiatement ce gars est tellement « cool ». Nous échangeons sur Chtijazz et très vite la conversation s’engage sur le Brésil, la samba, la bossa, le jazz en général et nos impressions croisées…. Tandis que ces complices descendent leurs instruments pour aller s’installer et faire la balance, Zaza décide de rester avec nous afin de réaliser l’ITW.
Chtijazz : Parle moi de toi, de ton parcours, tes projets? : ( Notre camarade semble presque géné de parler de lui ) ..J’ai 37 ans né à Rio de Janeiro, je suis arrivé du Brésil en 2008 la première fois en France. J’ai appris la musique en « famille »…… Chez nous, c’est comme ça, la guitare, la trompette, percussions dès 12 ans. Je tournais autour de ces instruments lors de nos concerts. Les premières prestations publiques se sont faites à l’église lors des cérémonies.C’était le lieu pour jouer de la musique. Par la suite je me suis déterminé pour la batterie… C’était « mon » instrument. Je crois que l’on est fait pour un instrument…. Moi j’étais batteur je le savais au fond de moi. Vous savez, d’où je viens (le Brésil), j’ai vu nombre de batteurs qui ont appris sur le tas et qui étaient extraordinaires. J’ai eu la chance de jouer également récemment sur le dernier album de Laurent Voulzy c’était super.
Chtijazz : Quels sont les musiciens qui t’ ont inspiré? …. Lorsque j’étais au Brésil, j’écoutais beaucoup de musique et notamment de la musique française sans savoir d’ailleurs qu’il s’agissait de musique française. j’aimais cela ! Lorsque je suis arrivé en France en 2008 j’ai travaillé avec le saxophoniste Idriss Boudrioua, cela a été une super expérience. J’ai collaboré avec bon nombres d’artistes brésiliens ou de groupes tous très intéressants et qui m’ont apporté beaucoup : Milton Nascimento, Yamandu Costa, Idriss Boudrioua, Ray Lema, Harvey Wainapell, Leny Andrade, Marcia Maria, Maestro Paulo Moura, Mauricio Einhorn, Keystone Big Band, Philippe Baden Powel, Nelson Veras, Frédéric Viale, Raul de Souza, Alfio Origlio, Fred Couderc, Agathe Iracema, Mister Day, Jazz Express Group, Base & Brass, Orquestra do Fubá, Alma Thomas, Big Joe Manfra, Cliff Korman, Rio Jazz Orchestra, Luíza Possi, Maria Gadu.
Chtijazz : Qu’est ce qui caractérise pour vous la musique brésilienne?… Waaaa oh la la …J’ai du mal à définir … Il n’y a pas « La musique » brésilienne mais « des musiques brésiliennes ». Si tu parles de « Le » samba, qui est le rythme selon que tu te trouves au Nord ou l’Est du Brésil, il ne sera pas joué de la même manière. Tout est différent, c’est un ressenti, une sensation….. Il faut sortir des clichés de la bossa « musique d’ascenseur », pour découvrir l’étendue et la profondeur de cette musique.
Chtijazz : vos conseils pour les batteurs qui veulent travailler les rythmes spécifiques brésiliens?.…..écouter beaucoup de musique…. se concentrer sur les percussions…. écouter et entendre…
Chtijazz : Quelle est votre marque de batterie préférée? .. Je suis « endorssé » par une marque batterie « brésilienne » : ODERY. Bon ce n’est pas très jazz à la base, mais nous collaborons. ODERY est plutôt une marque Rock et Funk.
Chtijazz : et les cymbales?……. La cymbale est quelque chose de personnel …. il faut que je teste et que j’écoute…. on ne peut acheter une cymbale comme cela. Donc en ce moment « Istanbul »
Chtijazz : Quels conseils donneriez vous à un chanteur qui souhaite chanter le répertoire brésilien?….. comme pour les batteurs … écouter beaucoup et pas « la musique ascenseur »…. Aller chercher dans le répertoire des grandes chanteuses brésiliennes
Notre discussion avec Zaza se termine, nous le laissons aller s’installer avec ses camarades…… nous allons de notre côté en attendant aller nous restaurer dans l’hôtel. Le restaurant « La mama » y propose une cuisine raffinée, des spécialités savoyardes, italiennes, et poissons du lac. En tant que Maitre Restaurateur, les plats sont tous « fait maison » et cuisinés avec des produits frais et de qualité.Le service est agréable et multilingue, le rapport qualité-prix très correct.
20 heures, nous descendons dans le club, accessible directement par le hall de l’hôtel par un petit escalier d’une dizaine de marches. Si vous n’êtes pas membre du club, l’entrée coûte 12 euro. Ambiance cosy, chaleureuse, une centaine de places assises, aménagées tout autour de la scène. Il y a également un bar. Le prix des boissons est très correct, 5 euro, sauf pour le Whisky et le champagne qui sont à 10 euro.
Le club se remplit petit à petit, les habitués sont au rendez-vous. Ce soir se produit le » Samba Jazz Group », qui est au départ, en 2010, le fruit de la rencontre entre le batteur brésilien Zaza Desiderio et l’incontournable pianiste lyonnais Olivier Truchot. Viennent s’y greffer le talentueux guitariste Thibaut François et le bassiste africain Claude Bakubama. Ce soir Claude Bakubama a laissé sa place à Christophe Lincontang. Ensemble, ils montent un répertoire mélangeant jazz, musique brésilienne, et compositions personnelles. C’est Olivier Truchot qui va faire la présentation de cette soirée et le trait d’union avec le public. Dans ce groupe, on sent une cohésion parfaite, et pas de syndrome du « petit leader » ici. La notion de groupe prend tout son sens. La passion les anime. Dès les premières notes, nous prenons notre envol pour Rio…. Sao Paulo, …. un voyage inédit au beau milieu de la haute Savoie. Nous allons assister à un concert de « très haut niveau » et une démonstration de générosité. Parlons des chorus : ….. Thibaut François nous a fait de la micro chirurgie et d’une densité incroyable….. Olivier Truchot… là où il faut, comme il faut, c’est d’une pertinence incroyable, Christophe Lincontang à la contrebasse nous a impressionné ( il faisait ici le remplacement du bassiste en titre) car réussir une telle performance sans (pratiquement) de calage avant … »chapeau », enfin « Zaza », alors que dire de son jeu…. à l’image de l’homme, tout en décontraction mais d’une grande précision… « Le » batteur tel que nous l’aimons, pas d’extravagance, du groove, de l’espace, de la diversité : Il nous a séduit…. Ils nous ont ravis d’un grand moment de bonheur.
Si nous devions retenir les sentiments qui se dégagent de cette formation : Cohésion, passion et humilité, à l’image de ce moment à la fin du concert : Olivier Truchot tient à remercier le batteur Alain Richard qui a été son mentor….. Olivier Truchot n’a pas oublié, il invite alors le batteur à monter sur scène pour le rappel, et « Zaza » va lui céder sa place et filmer toute la séquence rappel. Bravo les amis, vous êtes des grands !!
Publiée par Chris Belpièri sur mercredi 9 mai 2018
(photo Chtijazz.com/Olivier Truchot)
(photo Chtijazz.com Samba jazz et Alain Richard)
Alors « Samba »….. ( Vidéo de Zaza Désidério, Olivier Truchot, Thibaut François, Claude Bakubama)
site Zaza Désidério : http://www.zazadesiderio.com/bio.php?lang=FR
site Olivier Truchot : https://www.oliviertruchot.com/