…. » Accro ou pas au Jazz et/ou au Blues, tout le monde connait ce monstre de la musique moderne ».
Il eut été difficile de ne pas titrer sur lui. Il est certainement le trait d’union entre jazz et blues. Ray Charles a marqué à tout jamais l’histoire de la musique moderne. Dès les premières notes, nous reconnaissons le style, le titre,…. dès les premières notes de I’ve got a Woman ,vous trépignez d’une envie irrésistible de bouger, ou vous ressentez comme l’extase d’un fondant au chocolat titillant votre palet en écoutant « Georgia« .
Ray Charles Robinson est né le 23 septembre 1930 (décédé en 2004). Dans les encyclopédies, à la rubrique profession, vous pourrez lire: chanteur, compositeur, musicien….. ces dénominations apparaissent pour une multitude d’artistes. Ray était bien plus, il a crée la voix et laissé une trace indélébile. Il est né aux U.S.A, à une époque à laquelle être noir, même musicien, n’était pas une sinécure. Ray Charles va devenir le pionnier de la soul en réussissant l’amalgame du blues, du Rythm and blues et… du gospel. Le Gospel, ce chant qui allie complaintes d’histoires racontées et musique lascive. Ray Charles est devenu aveugle à l’âge de 7 ans. Il ne connaissait donc pas le solfège et son apprentissage de la musique se fera à l’oreille, aux sensations. Il captera les styles en entendant, écoutant les subtilités musicales, pour en tirer la substantielle moelle utile à son jeu unique à l’époque. Il disait d’ailleurs avoir été influencé par Nat King Cole, Art Tatum, Louis Jordan, Armstrong …. Il fut épaulé dans son évolution par Quincy Jones, qui connaissait bien les arcanes du monde artistique. Ray Charles fut admiré et reconnu par des artistes comme Frank Sinatra. Billy Joël disait que Ray Charles était un plus grand mythe qu’Elvis. Est-ce par fausse modestie ou par réelle humilité que Ray Charles minimisait les compliments qui lui étaient adressés? En tout cas, en 2008, le magasine Rolling Stones classera l’artiste N°02 des 100 plus grands chanteurs de tous les temps.
Ray Charles avait un frère âgé d’un an de moins que lui. Ce dernier va se noyer dans la buanderie de la maison. Ray Charles, alors âgé de 5 ans, assiste impuissant à la scène. Peu à peu il va perdre la vue, à l’époque on attribue cela à un glaucome. Il sera élevé par sa mère, fervente croyante, qui doit apprendre à son fils à vivre avec son nouveau handicap. Les premières influences musicales vont se construire en écoutant un certain « Wylie Pitman », tenancier du « Red Wing Cafe ». Il joue du boogie-woogie et Ray Charles est subjugué. Wylie Pitman va se prendre d’affection pour ce gosse et va lui apprendre les bases du piano. Wylie Pitman aidera même matériellement la maman de Ray Charles qui était très pauvre.
Malgré sa pauvreté, « Aretha« , la maman de Ray, va se débrouiller pour le faire scolariser; Ray Charles développe son don pour le piano en apprenant à jouer du Bach, du Mozart et du Beethoven. Il apprend à lire la musique à partir du braille. L’apprentissage sera fastidieux car il doit déchiffrer en suivant le braille de la main opposée à celle avec laquelle il joue. Ray Charles, bien que jouant du classique, est attiré par le Jazz et le Blues….Il faut dire que la radio ne passe que du jazz et du blues à l’époque. Ray Charles va se produire sur scène au sein du campus universitaire et y fera ses premières armes; il crée alors son premier groupe sous le nom de « RC Robinson et les Shops Boys ». Sa maman meurt alors que Ray n’a que 14 ans. Il sera effondré et restera à tout jamais marqué par la disparition de son petit frère et de sa mère. Il sera pris en charge par un couple ami de sa mère et partira vivre à Jacksonville. Il se met à jouer la nuit pour 4 dollars et, parallèlement, crée des liens avec le syndicat des musiciens. Ray Charles va se créer une réputation d’excellent musicien….. de Jacksonville. Il comprend qu’il lui faut partir et voguer vers des villes plus grandes. A 16 ans, il part pour Orlando; il va alors vivre dans des conditions terribles, proches de la clochardisation. Un an plus tard, il se met à écrire des arrangements… en vain, il ne parvient pas à se faire repérer. Il part donc pour Tampa (Floride), où il jouera dans plusieurs formations et chaussera pour la première fois les fameuses lunettes noires qu’il ne quittera plus. Ray décide de quitter la Floride car il sait que les plus grands hits de radio viennent des villes du nord. Il migre vers Seattle et Washington avec son ami Gossie McKee . En Avril 1949, Charles et sa bande ( le « McSon Trio » avec McKee à la guitare et à la basse Milton Garrett) enregistrent « Confession blues » qui deviendra son premier succès national.
En 1952, il va signer avec « Atlantic Records » et enchaîner les « tubes ». En 1963, il s’associe à Joe Adams, il monte sa propre société de production « Ray Charles Enterprises ». Le déclin commercial de l’artiste surviendra en 1967 et il connaîtra alors une traversée du désert jusqu’en 1983. Son addiction à l’héroïne pèsera lourd dans ce déclin. Il changera de maison de disques mais sans connaitre le rebond espéré. Il fera même quelques apparitions au cinéma.
Un très court succès surviendra lors d’une coopération avec la chanteuse Chaka Khan en 1989, avec I’ll Be Good to You.
Ray Charles sera néanmoins un des artistes les plus primés : douze Grammy Awards, la médaille de Chevalier des Arts et Lettres, il entre au Rock’n’Roll Hall of Fame en 1986. En 1979, Georgia on my mind sera consacrée hymne officiel de l’État de Géorgie ……. Un comble pour celui qui un jour refusera de rentrer dans une salle de Georgie, en soutien aux noirs victimes de ségrégation. Dans les années 90, il fera la fameuse pub pour Coca, et fera un retour sur les grandes scènes avec Elton John, Nathalie Cole, Norah Jones.
Chtijazz.com n’abordera pas les sujets privés car seul l’artiste nous intéresse…..le reste lui appartient.
Ray nous a quitté en 2004, il est alors âgé de 73 ans quand il s’éteint dans sa maison de Californie entouré par les siens. Sa mort annoncée, les radios du monde entier lui rendront un hommage vibrant. Pour l’anecdote, cette nuit là, de 22H00 à 6h00, France info fera une rétrospective de sa carrière. What’s Else pour saluer cet artiste?
