Trio In Tokyo :
Michel Petrucciani (Piano) – Steve Gadd (Batterie), Anthony Jackson (basse) / Edition Francis Dreyfus / 1997 / Prix 16.00 euro CD 10.99 MP3/ 8 titres
Les vacances riment souvent avec lecture, musique…On pourrait donc considérer qu’écoutant de la musique en permanence, nous sommes toujours en vacances… dans le fond peut-être, et toujours ailleurs dans un autre monde : Entre les planètes « Jazz » et « Blues ».
Alors pour prendre l’avion, j’ai voulu de nouveau écouter ce « Trio in Tokyo » (1997), qui est pour moi tout simplement sublime. A chaque fois que je l’écoute, je suis transporté. Alors là, je suis aux anges… le casque vissé sur les oreilles, plus rien n’existe autour de moi. Cette musique me semble parfaite dans ce décor d’aéroport. Je passe les contrôles et hop me voilà dans ce « 737 » assis sur mon siège, ceinture bouclée, les yeux mi-clos.
Immédiatement vous êtes obligé de reconnaitre ces trois musiciens :
Michel Petrucciani (1962-1999), quel grand homme : Ce qui tout de suite vous frappe c’est la fluidité de son jeu. Il est vrai que Michel Petrucciani possède une indépendance exceptionnelle des mains droite et gauche et une grande vitesse d’exécution. Tout surprend dans son style, la densité des notes mais à contrario parfois leur rareté, juste là où il faut. Michel Petrucciani vient vous pénétrer jusqu’au tréfonds de votre âme.
Anthony Jackson, il nous avait impressionnés lors d’un festival de jazz où il accompagnait la pianiste de jazz japonaise Hiromi. Il est celui qui est à l’origine de la basse 6 cordes (1 aiguë et 1 grave de plus). Antony Jackson est dans un jeu ultra varié et d’une rythmique implacable. Ceux qui continueraient à penser que la basse « n’est » qu’un soutien rythmique et d’accompagnement seraient d’une mauvaise foi ou sourds à l’égard de cet artiste. Il ne lâche rien dans son jeu dense et souple. Tout est impeccablement dosé.
Steve Gadd, je suis forcément acquis à ce batteur et depuis très longtemps. Là aussi, des la première note de la première mesure, vous le reconnaissez. Que ce soit aux baguettes, aux balais il maitrise tout. Il change de style sur chaque grille, jamais « trop » présent, mais toujours là. Sur chaque grille, il vous surprend. A chaque grille vous vous dites, c’est bon j’ai compris…et bien non, vous n’avez rien compris car il rajoute ou modifie son jeu à souhait. Ses frappes à la grosse caisse sont maitrisées et spasmodiques. Il ne joue pas de la batterie, il est une batterie.
Si je devais imager ce trio, je dirai 3 bulles dans une bulle. Trois mondes qui se rencontrent et se complètent. Trois styles qui se mélangent. Ils s’entrainent dans les méandres de leurs chorus respectifs. Aucun d’entre eux ne domine. Il se complètent.
Je ne peux résister à vous faire écouter « Cantabile ». Alors que nous jouions avec un groupe parisien, j’avais proposé ce titre à mes camarades. Je me souviens qu’à l’écoute « Dominique » notre pianiste s’était exclamé déclarant : … « C’est une pépite ». Au premier abord vous vous dites : Facile ! Pas trop de notes, pas trop rapide. D’ailleurs « Cantabile » nous vient de l’italien et pourrait se traduire par « Facile à chanter ». Rapidement vous vous dites que pour le faire « vibrer » et le « moduler », il y aura du boulot. Il y a eu du boulot.
Que le Temps passe vite, l’avion amorce sa descente, alors que « Cantabile » résonne dans mes oreilles. Je vois par le hublot les côtes de l’Algarve (Portugal) sous le soleil.