JAZZ MUSICIAN AND ELDEST SON OF CLINT EASTWOOD, KYLE EASTWOOD PHOTOGRAPHED IN THE HAGUE
PICTURE CREDIT PAUL COOPER
Jamais deux sans trois…. Quoi de mieux pour terminer la semaine, en ce vendredi 21 octobre, que de se rendre une fois de plus au Théâtre Raymond Devos à Tourcoing, pour deux concerts qui s’annoncent exceptionnels. Premier plateau, le quinquette d’un certain Kyle…. Eastwood, et le second plateau Henri Texier et Sky Dancers 5! Vous l’aurez compris, ce soir, c’est hommage à la contrebasse.
Nous arrivons donc un peu (beaucoup!) en avance, à 18h30, face à l »entrée du théâtre…. Même si nous n’avons pas pour habitude d’arriver en retard quand nous avons rendez-vous, disons que, nous sommes à cet instant, particulièrement motivés… En effet, grâce à notre complice Sébastien Belloir, nous avons obtenu une rencontre et Interview à 19h10 précises avec Kyle Eastwood en personne! En attendant, nous buvons un coup, mangeons un croque monsieur, et apprécions le calme qui règne encore dans l’entrée du théâtre à cette heure, avant la tempête qui s’annonce, au vu de la queue qui ne cesse de grandir minute après minute à l’extérieur…… Sébastien nous a prévenu, « ils » ont eu pas mal de problèmes lors des transferts, et du retard a été pris pour la balance…. Alors, peut-être que l’interview sera annulée…. C’est un peu la douche froide… Nous nous attendons à un accueil froid et peut-être agacé de l’artiste ????
19h10 précises, Sébastien fait son apparition et nous fait signe de le rejoindre. Kyle Eastwood vient de terminer sa balance et il va donc rejoindre sa loge. Nous montons un petit escalier dans l’obscurité et arrivons dans un salon, où nous pouvons deviner, à leur accent américain, que les personnes assises dans les fauteuils ne sont autres que les complices de Kyle Eastwood. Ce dernier est dans sa loge, il a une première interview avant la nôtre… Le temps pour nous également de saluer le Directeur du festival, Patrick Dréhan, qui nous demande ce que nous pensons de cette trentième édition….. : Extraordinaire évidemment!
La porte de la loge de Kyle Eastwood s’ouvre… C’est à nous… Nous avons le sentiment étrange, comment dire, d’avoir Clint Eastwood en face de nous…..C’est le cœur rempli d’émotions que nous pénétrons dans la loge et nous asseyons en face de Kyle, qui nous accueille très chaleureusement. Il est détendu, et alors que nous essaierons d’écourter pour le laisser se reposer avant le concert, nous retiendra encore un peu. Après avoir décidé que nous ferions l’interview en anglais (absolument pas par manque de motivation de Kyle de parler français, mais par manque de temps, c’est plus simple pour lui de parler dans sa langue maternelle!), c’est parti pour notre première question :
Chtijazz : Pourquoi avoir choisi la contrebasse, plutôt qu’un autre instrument?
K.E : vous avez raison, quand j’étais jeune, j’ai touché un peu à tous les instruments, le piano, la guitare, et puis un jour j’ai eu une basse électrique dans les mains et cela m’a beaucoup plu. J’ai trouvé cela relativement facile, et je me suis mis à étudier tout seul cet instrument. J’ai toujours aimé le coté rythmique de l’instrument.
Chtijazz : Quelle est votre définition du jazz?
K.E : le premier mot qui me vient est Liberté, liberté de jouer, liberté d’interpréter, liberté d’interaction entre les musiciens, le fait de jouer un morceau des dizaines de fois mais des dizaines de fois de façon différente, et l’amour biensur, l’amour de cette musique, de ce qu’elle m’apporte au quotidien (comme vous le savez, avec mon père, je suis tombé dedans quand j’étais petit).
Chtijazz : Selon vous, quelle est la différence entre jazz et blues?
K.E : Pour moi, il n’y a pas vraiment de différence, les deux ont le « Roots », le jazz vient du blues, ces musiques ont le même background… J’adore Ray Charles et Johnny Cash !
Chtijazz : Y-a t-il des contrebassistes que vous admirez?
K.E : L’humilité de Kyle Eastwood est perceptible à cet instant, on peut lire dans ses yeux toute l’admiration qu’il a pour un certain Charlie Mingus, grand musicien et grand compositeur à ses yeux, puis il nous dit qu’il y a de nombreux contrebassistes très talentueux.
Chtijazz : La complicité entre le bassiste et le batteur est un pré-requis, pour vous, qu’est-ce qu’un bon batteur de jazz?
K.E : Sans hésiter, le mot fuse : SWING ! oui le batteur de jazz doit avoir du swing, doit ressentir, écouter les autres, il doit y avoir une osmose et une écoute permanente, pas en mettre trop, mais juste ce qu’il faut, et oui évidemment une complicité entre bassiste et batteur est indispensable.
Chtijazz : Avez vous un rêve musical?
K.E : Oh, j’en ai pas mal, il y a beaucoup de musiciens avec lesquels j’aimerai faire un spectacle, mais… oui! Stevie Wonder est l’un de mes musiciens préférés, j’adorerai un jour me retrouver sur scène avec lui!
Chtijazz : Votre dernier album, « Time Pieces », propose souvent des compositions collectives? Est-ce aussi cela pour vous la musique, un échange, un partage, une complicité entre les musiciens?
K.E : Oui tout à fait, nous sommes très souvent ensemble, nous créons ensemble, aimons cette harmonie…..le jazz n’est pas individuel, il doit y avoir une complicité entre les musiciens pour que cela fonctionne, chacun apporte son talent, son histoire, son style, pourquoi se priver de cela?
Chtijazz : Ce dernier album a été enregistré à Paris, et vous vivez une partie de l’année en France, quelle est selon vous la différence entre « le monde du jazz » aux USA et « le monde du jazz » français?
K.E : J’aime énormément jouer en France, pour moi, c’est en France qu’il y a les plus beaux festivals de jazz, et le public français est un très bon public. En France, les gens sont beaucoup plus ouverts et ne sont pas enfermés dans un style, une personne peut aimer le classique, le rap et le jazz par exemple, Aux Etats-Unis, tout est beaucoup plus cloisonné! Si tu aimes le jazz, tu ne peux donc pas aimer le classique, c’est étrange, non?
Chtijazz : Avez vous un message à adresser à nos lecteurs français?
K.E : Je suis très heureux d’être souvent en France, dans ce beau pays, et très heureux d’être de retour au Tourcoing Jazz Festival, j’y étais déjà venu il y 7 ans…
Voila, le temps est venu pour nous de regagner notre place dans le public pour assister maintenant au concert….20h10, Kyle Eastwood et ses musiciens arrivent sur scène… Andrew Mc Cormack au piano, Quentin Colins à la trompette, Brandon Allen aux saxophones et Chris Higginbottom à la batterie…
Comment dire, dès les premières notes, ça déménage et ça groove ….. Est-il besoin de préciser que Kyle est passionné par le Hard Bop? Il suffit d’écouter. « Son » jazz est résolument moderne, et à la fois attaché aux années 60. Il est, avec son quintet, dans un exercice difficile qui demande une grande maturité : Ne pas être trop, ou trop peu, mais être. Il nous fait partager son attachement à ce jazz. Il a réussi cet exercice peu aisé, de faire oublier qu’il était « le fils de », et d’être lui-même. D’ailleurs, ne nous y trompons pas, lors de notre interview, à aucun moment nous aborderons « Clint« …. Nous n’y avons même pas pensé tant ce musicien est lui-même. Le « gig » va nous transporter directement dans les bars new-yorkais…un peu à Village Vanguard, à l’Iridium, au Birdland…. A la trompette, Quentin Colins est impressionnant. Ses chorus sont impeccables, les attaques appuyées de Brandon Allen aux saxophones sont précises , nettes, ciselées. Andrew Mc Cormack est accroché à son instrument… il fait corps avec son piano. Chris Higginbottom à la batterie est présent…. un jeu percutant, syncopé, dynamique. Evidemment la « guest star » est « Kyle », mais il n’en fait pas trop. En les écoutant, vous comprenez qu’ils sont ici pour le plaisir du jazz et d être ensemble. Le public nous est apparu conquis et acquis au jazz de « Kyle ». Une exception : Une dame (que nous connaissons bien et pourtant amatrice de jazz), juste à côté de nous, qui nous a dit : ….. » Oui techniquement, il est fort…..ils sont forts, mais je ne suis pas touchée »…. « Non vraiment pas ».D’ailleurs, elle n’avait pas aimé non plus l’excellente soirée « autour du Chet« .. De toute façon, elle était venue pour « Henri » (Texier).Bon peut-être ???!!! Nous ??? !!, Nous avons tout aimé…. Alors, il reste une seule façon de vous déterminer en écoutant :
Big Noise Winnetka (cliquez « ici« )
Puis le second plateau se met en place pour Henri Texier et ses Sky dancers 5! Tout un programme avec Henri Texier à la contrebasse et aux compositions, Sébastien Texier au saxophone alto et clarinettes, Ngûyen Le à la guitare, Armel Dupas au piano et claviers et Guillaume Dommartin à la batterie. Henri Texier est le contrebassiste français actuel qui dispose de la plus grande renommée mondiale. « Sky Dancers » est un hommage aux amérindiens qui fascineraient notre contrebassiste. Francis Marmande (« Le Monde ») écrivait sur Henri Texier : « Il est de ceux qui ne suivent pas les modes et les courants de son temps, il est de ceux qui créent les courants« . Tout est dit dans cet hommage qui résume l’homme.
Le public sortira une nouvelle fois extasié par cette soirée, qui était placée sous le signe de la basse et de la contrebasse; Deux plateaux de haut niveau technique et les émotions ont été au rendez-vous pour nous comme pour notre voisine d’ailleurs.
Chtijazz.com vous propose ce « sky dancers »- Dakotamab – d’Henri Texier (cliquez « ici« )