La Saison 2016 du Tourcoing Jazz festival est lancée; Pas moins de 4 concerts pour ce week-end, Chtijazz.com y était pour vous
Nous avions assisté à la conférence de presse de présentation le 18 mai dernier. Patrick Drehan, Yan Subts et Sébastien Belloir nous avaient mis l’eau à la bouche pour cette 30 ème édition. Ce premier weekend a été à la hauteur de nos attentes. La programmation de ces quatre premiers concerts nous a replongé en enfance, quand on entre dans un magasin de bonbons et qu’il va nous devoir choisir. Chtijazz.com a eu la chance de ne pas devoir choisir et a suivi les 4 concerts programmés. Tous différents, tous surprenants……
Lorsque vous prononcez le mot « Jazz » au grand public, en général, vous vous apercevez vite que ce courant musical est un peu perçu comme « élitiste », « confidentiel », réservé à des « initiés ». En fait, nous l’avons déjà écrit, il n’y a pas le jazz mais des jazz ». Biensur , dans l’inconscient collectif, les racines du jazz sont aux USA, une musique dansante, des noms Count Basie, Duke Ellington,…. ou sur notre continent avec l’apparition du « free jazz »….
Nous avons toujours considéré qu’un festival de jazz devait être un lieu de découverte, un lieu d’ouverture au(x) jazz. Patrick Dréhan et Yan Subts se sont inscrits intégralement dans cet objectif avec la programmation 2016. Une programmation riche, par l’excellence des artistes qui y sont programmés, mais protéiforme. Ils sont allés parfois même au-delà de(s) jazz pour permettre au public de découvrir, de voyager…..d’aimer ou pas.
30 éditions, incroyable…. Il faut saluer le Maire de Tourcoing, Gérald Darmanin, qui a contribué de façon importante à ce rendez-vous. Nous lisons et entendons souvent que la culture est en difficulté. Nous lisons et entendons que la culture est facteur d’intégration sociale et permet les communions entre nous. Il appartient aux élus, au-delà des belles déclarations, d’être aussi dans l’action. La ville de Tourcoing assume ce choix, qui n’est certes pas facile dans une période économique tourmentée, car oui la culture a un prix et un tel événement à un coût non négligeable. Néanmoins, la culture est un des rares points de communion entre les femmes et les hommes, qui peut réunir au-delà des croyances, des appartenances politiques, des origines géographiques, alors pourquoi s’en priver?
17h00, samedi 15 octobre, nous avons rendez vous avec Stefan Orins, juste avant son concert à la Maison Folie Hospice d’Havré. Nous allons avoir le plaisir d’être reçu en loge par Stefan et ses complices : Peter Orins et Christophe Hache. Un grand moment de plaisir et d’échange avec ces trois mousquetaires. Vous sentez immédiatement la complicité qui les lie. Ici, pas de place à l’égo, des artistes simples qui vous parlent de leur passion, de leur histoire commune. Cette histoire a commencé il y a 20 ans et le trio souffle ses 20 bougies…..
ce soir, au moment même où nous les rencontrons. Ils semblent vivre cela avec une sérénité incroyable et donnent l’impression qu’ils n’ont pas vu le temps passer. Leurs carrières se sont inscrites dans le trio mais aussi à l’extérieur. Stefan précisant que le statut d’intermittent oblige aussi à faire d’autres choses. Il nous apparaît comme heureux de sa vie. Il le dit, le clame : »J’ai de la chance de pouvoir faire cela…. et en plus je fais du jazz à 90%« . Nous reviendrons sur notre échange avec cet artiste dans un article distinct… A suivre.
Il est 17h45 lorsque nous prenons congés de nos trois complices. Nous prenons place dans la salle de la Maison Folie Hospice d’Havré. C’est une salle cosy d’une jauge de 107 personnes. C’est la première fois que nous y pénétrons. Nous nous installons juste à l’entrée pour observer. Bernard Dréhan a fait de même…Il est là juste au fond, en retrait.
18h00 viennent de sonner, lorsque Yan Subts apparaît sur scène pour présenter le trio. La salle s’est remplie entièrement. Le public est varié. Des jeunes, des moins jeunes et même des moins moins jeunes. Le Trio Stefan Orins à « son » public. Nous remarquons dans la salle d’autres musiciens de jazz comme Yannic Sedikki . Le trio s’élance et déroule son set. Christophe Hache ponctue par quelques interventions la présentation des thèmes. Il le fait avec humour et décontraction. Nous percevons l’envie et la passion qui les animent. Peter Orins est hyper présent. Il existe une homogénéité incroyable entre eux…. Nous allons passer une heure de pur bonheur. Nous laissons traîner nos oreilles autour de nous et pouvons affirmer que ce bonheur a été partagé dans la salle.
19h15 ….Il est temps de filer cette fois au Théâtre municipal Raymond Devos à Tourcoing. Nous connaissons cet endroit et y avons vu défiler de prestigieux jazzmen comme Herbie Hancock. Ce théâtre possède une jauge de 800 personnes et ce soir, il est full… Il faut dire que le premier « gros » concert est à la hauteur avec Lisa Simone…. fille de « Nina ». Le Maire de Tourcoing est présent pour ce concert inaugural.
La première partie est bien éloignée du jazz. Mais ce choix fait aussi partie de la richesse d’un festival. Le trio « Zephyr », trois musiciennes originaires d’Occitanie. Une violoniste, une altiste et une violoncelliste….toutes trois chanteuses. Delphine Chomel, Marion Diaques, Claire Menguy sont de formation classique. Leur univers ? La composition. Que racontent leurs chansons ? Pas de textes, uniquement des sons…. des sons qui vous font voyager. En fait, ce sont 6 instruments à elles trois. Elles utilisent leurs voix comme un instrument. Mais qu’est-ce que le « Zéphyr » ? Dans l’Iliade, c’est un vent violent et pluvieux. Plus tard, on le considéra comme un vent doux et humide, une brise tiède qui amenait la fonte des neiges. Homère raconte que les vents ont pour parents Eos et Astréos. Le trio Zephyr a soufflé une petite brise bien agréable en ce début de soirée.
21h15, …petite pause.. changement de plateau pour la tête d’affiche de cette soirée « Lisa Simone ». En fait, nous pensions éviter de parler de « Nina » la maman…Mais comment faire autrement? Lorsque vous voyez arriver « Lisa » et que les premiers sons vous arrivent, vous voyez « Nina ». Et puis, « Lisa » va tout au long de son concert la revendiquer….lui rendre hommage… la remercier de cet héritage. Elle ne fait pas partie de ces artistes « fils de » qui dénient (presque) leur filiation. Non, « Lisa » le revendique… Elle est fille de « Nina » et en est fière.
Son concert démarre avec l’arrivée sur scène de son guitariste Hervé Samb, ….cela va être « soul ».. très « soul ». Il est rejoint par Sonny Troupé à la batterie et par Reggie Washington à la basse et contrebasse. Puis, Lisa Simone apparaît….Elle s’adresse à un public déjà conquis par son petit accent et sa gentillesse. Nous sentons que ce concert vas être interactif. Lisa ne laisse pas insensible. Vous percevez qu’elle aime l’autre… Elle lui tend les bras, elle se livre.
Lisa Simone, qui a 54 ans, en parait à peine 40…. Elle a une énergie débordante, elle va enchaîner son set d’un seul trait. Elle ponctuera en parlant souvent de sa vie dans le sud, la maison de sa maman qu’elle occupe… Il y a beaucoup d’émotion lorsqu’elle parle de « Nina ». Lisa Simone est une artiste généreuse, elle ne cessera de mettre en avant ses musiciens….. Son grain de voix est chaud, d’une puissance incroyable mais terriblement contrôlé. Elle n’a pas besoin de forcer. Lisa Simone est une « Soulwoman »
Alors que le dernier titre commence, Lisa se rue dans la salle, la voilà partie à la rencontre du public….. Dans la salle, au balcon, à droite à gauche… elle vient presque tous nous saluer, nous faire une dernière fois participer à cette grand messe, cette grande communion….
Les 90 minutes de concert viennent de s’écouler et nous n’avons pas vu le temps passer…. Nous pourrions encore rester un peu « Madame Simone »…. Alors le rappel bat son plein…yess ils reviennent sur scène pour un tout dernier titre avant de nous laisser rejoindre les bras de Morphée.
Le dernier album de Lisa Simone » My World » est une tuerie….. Chtijazz.com vous le fait découvrir avec cet extrait : ici (cliquez)
Alors chers amis, il reste des places pour certains concerts, … Venez découvrir cette riche programmation du Tourcoing Jazz festival 2016, et soufflez sur les 30 bougies avec nous!